Extrait du Scarabée sacré de Jean-Henri Fabre
Épopée du Scarabée Sacré, insecte Sisyphien. À lire dans la pièce Les Scarafabres
Quel
empressement autour d'une même bouse !
Jamais aventuriers accourus des quatre coins du monde n'ont mis telle ferveur à l'exploitation d'un placer californien. Avant que le soleil soit devenu trop chaud, ils sont là par centaines, grands et petits, pêle-mêle, de toute espèce, de toute forme, de toute taille, se hâtant de se tailler une part dans le gâteau commun. Il y en a qui travaillent à ciel ouvert, et ratissent la surface ; il y en a qui s'ouvrent des galeries dans l'épaisseur même du monceau à la recherche des filons de choix...
Quelques retardataires arrivent encore au vol ou pédestrement.
Quel est celui-ci qui trottine vers le monceau, craignant d'arriver trop tard ? Ses longues pattes se meuvent avec une brusque gaucherie, comme poussées par une mécanique que l'insecte aurait dans le ventre ; ses petites antennes rousses épanouissent leur éventail, signe d'inquiète convoitise. Il arrive, il est arrivé, non sans culbuter quelques convives. C'est le Scarabée Sacré, tout de noir habillé, le plus gros et le plus célèbre de nos bousiers. L'antique Egypte l'avait en vénération et le regardait comme un symbole de l'immortalité.