Les passagers du TER

 

Recueil de nouvelles publié en  2010, époque bénie et conviviale du TER.

À partir de situations vues, vécues ou rapportées, 11 mini-fictions se proposent d'évoquer par touches la vie du réseau en Région Paca, l'immédiateté du quotidien du TER mais aussi sa fonction de déclencheur de rêves, sa faculté de solliciter le souvenir individuel et la mémoire collective.

Le prélude du rat

Voir est mon grand plaisir, ou, plutôt, examiner et analyser les allées et venues de la foule comme le scientifique dissèque le comportement des rongeurs d'élevage plongés dans des situations non habituelles de franchissements d'obstacles, de pièges labyrinthiques, de portes, de trous, de bascules ou de couleurs balisant un parcours. Un juste retour d'étude, en quelque sorte. In situ dans la signalétique de la gare.

Quatrième dimension

On aurait dû se méfier. Personne n'était descendu du train de 13H30 et pourtant, il était là, sur le quai, "vieille France", crinière argentée, manteau de cuir noir, col en fourrure, chapeau feutre et chaussures vernies. Hiératique. Seul signe désaccordé : sa main droite gantée de peau fine, repliée sur elle-même, semblait caresser quelque chose de rond. Il avait franchi le hall de la gare, s'était retourné, avait regardé l'heure qu'affichait l'horloge de la façade et était parti par l'avenue de Verdun.

Casquette

   Il était Casquette et ne pouvait pas se douter que ce surnom prendrait tout son sens cinquante ans plus tard, une fois par mois, pour être précis, lorsqu'il assouvirait la seule passion de sa vie, prendre le train et passer sa journée à arpenter tous les wagons, partagé entre le bonheur de circuler grâce à son moyen de locomotion favori et la crainte que "L'ennemi" ne découvre son stratagème.       

L'épilogue du corbeau de la gare Saint Charles

Je suis le corbeau de la Gare Saint Charles, sa mémoire sans faille de copiste ou d'archiviste. Et mon savoir ne craint ni le feu ni l'effacement des enregistrements magnétiques ni la falsification des données numériques. Depuis mon poste d'observation au faîte de la verrière-cathédrale, je capte tout des secrets, des joies et des faiblesses des passagers.

 

 La passerelle de Sorgues. Le train fantôme

  Alex et Antoine sur la passerelle. Ça ressemble au titre d'une fable. Mais cette histoire est vraie même si la première image, un vieux minuscule et un adolescent colossal, vélo sur le dos et valise du vieil homme à la main, gravissant chaque marche à pas de fourmi, frise la caricature surréaliste....

  Le vieillard oublie la décrépitude de son corps, un pied sur la ferraille, l'autre dans le passé. Intarissable. Il raconte tout, prenant à peine le temps de respirer. Mieux, s'il synthétise avec la précision de l'historien ce qu'il a vécu ce 18 Août 1944, ce qu'il a appris dans les jours qui ont suivi ou, bien plus tard, langues déliées, il le revit aussi, dans la stupeur du gamin qu'il était.

 

   Et d'autres histoires...

 

Distribué par lavoixoblique@orange.fr

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