Les poèmes présentés par ordre décroissant de parution dans le site
Mai 2023
Le loto de l’inconscience tourne
de plus en plus vite le boulier du monde
pulvérise,
entrechoque le pire et le meilleur.
défigure, blesse, salit, affaiblit, détruit,
désespère .
On voudrait tant rêver d’eau pure, garder chemin,
garder désir et vie consciente;
il faut pourtant avancer sur le fil du rasoir,
là, où les pires sauvageries dévastent
répandent une terreur décuplée
de techniques, complices de la plus inconcevable inhumanité .
Notre inconnu est chaotique, difficile.
« Tout est perdu, disent certains »…qu’en savent-ils ?
Pourquoi ? Pourquoi « faire l’autruche » ou fuir ?
Pourquoi se perdre dans des sauve qui peut
sans questions, figés d’impuissance ?
Comprendre, agir, le pourrons-nous ?
Notre inconnu n’est-il que de mauvaise augure ?
se poser la question, se dire qu’il est peut-être possible
de découvrir en soi , en l’autre des forces insoupçonnées .
Sagesse ? La part faite aux contradictions ?
Il nous faut désirer des rêves plus grands que soi - rêves aussi vieux que le monde-.
Pourquoi soudain, levant les yeux vers la légèreté
d’un froissement de brise ensoleillant l’instant,
être envahi de tant de ravissement intime ?
Quelle déflagration de beauté
devient ravissement de vivre
efface le temps ?
Ravissement où s’éprouve la plus ineffable plénitude,
celle de chaque Présence au Présent confondue.
Secousse
qui dynamise le désir.
Réparer, aimer,
rejoindre ces êtres assoiffés qui rassemblent
leurs rêves, leurs désirs de beauté,
pour d’abord effacer des millénaires de peurs et d’injustices.
Pourrons-nous avancer
tant est furieuse et risquée
la houle de notre siècle ?
Anny Cat 3 et 4 mai 2023
Avril 2023
Détache-moi
la liberté est mon chemin, la solitude ma condition.
Naître et renaître à chaque instant
et chaque jour se rapprocher du noir passage.
Derniers reflets, leurres du temps se diluent
en arcs en ciel, en eaux luisantes.
J’aspire au vivant des gestes, des mouvements,
des sensations qui prennent force dans l’expérience,
l’amour, la beauté, la lumière.
L’essentiel de mes courants de mes rencontres souveraines
demeure l’infatigable désir de vivre,
création qui efface et recommence perpétuellement sa toile,
ranime de sa flamme l’éternité des instants.
Anny Cat inédit 2018
Mars 2023
Colorado
Le passage pierreux avive tous mes sens.
Je suis terre, je suis roc, Je suis
les ocres déclinant leurs nuances
la surprise du choc
vif fuchsia
de la grande fleur isolée sur l'aride.
Je suis le bleu métallisé des ailes de l'oiseau dont l'éclair
élève mon regard jusqu'en haut des falaises,
jusqu'au grand cercle de ciel qui borde et brode la roche
de vibrations indigo, de franges violines et rousses.
Je suis la lumière émerveillante...
...le désir de gravir intérieurement
des échelons de lucidité
Du recueil Ce qui naît de la lumière
Février 2023
La dent blanche du grand Morgon* mord le ciel,
contracte le bleu.
L’ubac fermente l’ombre marine du sommeil et des rêves.
Bois et pâleurs de neige dévalent.
Tout au fond, frétillent
entre les dés,
hasard des maisons,
les éclats des voitures.
L’éblouissement bleu intense, dessine
d’un trait net l’élévation des montagnes.
La lumière parcourt tous les tons,
appelle tous les sens de ses nuances :
rêche, aiguë, ambrée, végétale, parfumée,
aérienne, rocailleuse, lisse, duveteuse, granitée.
Je contemple.
Les enfants dorment. Il lit.
Présences adoucies des chuintements du feu dans l’âtre.
Bruits de portes, éclats de voix, embrassades…
l’agitation soudaine me happe
Le jour s’éclaire, s’affirme, s’élève.
Désirer ce qui monte avec la lumière.
* Morgon, nom d’un sommet des Alpes du sud
Anny Cat / Ce qui naît de la lumière
Recueil (2023)
Janvier 2023
Photo Laurent Cat
LA PORTE DES FRIMAS
La porte des frimas n’enferme pas l’imaginaire. Traces, vestiges, mots et lumières,
ombres et fantômes, tintent dans le givre des sons, les gestes, les parfums le froid glacial
où semble disparaître le théâtre des jours. L’éphémère parure offre un toucher frileux où
les mains, les doigts reconnaissent l’existence du granité, les reliefs de la sculpture
qu’épouse la poudre de neige, souffle d’un vent qui pose aussi sa fraîcheur sur les joues.
Le regard convoque la mémoire. Les sensations rameutent les mots frissonnants de frimas
appellent sous le givre poudré de l’attente une ouverture de tendresse et de chaleur.
Errance. Les yeux parcourent les reliefs du dessin, les formes, les nuances,
les couleurs, les textures.
Très doucement s’orchestrent les musiques intérieures de la contemplation.
Qu’est-ce donc que le corps ? Quelle magie anime la matière,
lie le visible à l’invisible ? Et qu’est-ce que le présent ?
Des émotions à fleur de peau courent emplir l’âme
d’un infini besoin d’échanges avec tout ce qui vit. Des émotions
privilégient lien et passage dans l’insaisissable et l’éphémère
de l’instant, ces vraies rencontres.
Le long héritage de la parole au plus vivant des mots,
est force nourricière de chaque imaginaire,
poursuit l’amour exigeant du plein d’attention, du lâcher prise,
pas de deux des poètes qui dansent tous les passages.
Là, apparaissent rêves de nuit et rêves éveillés, là commence
le voyage intérieur d’images et de mots qui malgré soi d’abord
s’assemblent. Le surprenant regard d’aveugle qui dit « tu vois ! »
demande le silence, redoute tout bruit parasite qui effarouche
les pensées furtives qui risqueraient de perdre le passage
à travers la porte des frimas.
Anny Cat 26 12 22
décembre 2022
Veilleuse
lampe à huile
de celles qui ne s’éteignent pas …
la ligne d’horizon tangue
au point de départ
la vague la plus haute
roule des vibrations
qui troublent le regard
des yeux lointains verrouillent
des murailles d’ombre
Le cercle d’un hublot
étrangle le temps…
Que rien ne vacille !
Le mot est avant tout un cri.
Écoute…
tu veux entendre la note juste
intime décapée dépouillée
la note de cicatrices
qui chante enfin
C’est par un cri n’est-ce pas
que nous venons au monde
La force vivante te porte
ligne ondulante d’oubli et de mémoire
tu chancelles avances tombes te relèves
tu veux être ne pas subir
gagner pas à pas la lumière
multicolore et verticale
Chaque jour, farouchement
tu affirmes avoir beaucoup reçu
sourires et bonté
au soleil des regards
Tu désires poursuivre en poésie
le secret de l’ identité que l’écriture trace
de l’étrangeté de soi
le goût d'une histoire à suivre
dans la chaleur méridienne
avant de disparaître
dans le temps morcelé
de la vie plus lente
Dans la poussière de ses rais
dansent ou trébuchent des mots
qui forment lentement l’espoir
malgré ce qui pourrait l’étouffer
Veilleuse, lampe à huile
de celles qui ne s’éteignent pas?
Anny 20 12 13
Novembre 2022
Depuis tant de siècles,
deux grands pieds de géants,
invisibles, violents,
tuent la vie sur terre.
L’un, le pouvoir,
l’autre, l’argent,
écrasent aujourd’hui le plus grand nombre
ceux pour qui des sirènes mercantiles
tellement attrayantes
effacent la conscience,
répandent l’oubli, le malheur, l’ignorance,
épaississent le terreau d’un sentiment paralysant
qui devient l’impuissance opposant son poids d’inertie
au risque d’aller, lucides, vers l’inconnu.
Tant d’espoirs et de rêves, partent en fumée.
L’instinct de vie suffit-il ?
La vie sans fin, détruit, recrée.
Garder conscience, garder confiance.
De nouveaux points de vue,
d’autres espaces, des renaissances
s’ouvriront au vermeil de l’aurore - ou réelle ou rêvée-
Octobre 2022
La lumière vibre entre le visible et l’invisible, agit sur notre intériorité, affine, modifie notre conscience de vivre.
La lumière, myriades de nuances, inclinaisons multiples épouse toutes les matières, réinvente ses éclairages, change nos sensations, nos humeurs, nos sentiments, appelle et module nos perceptions et en créant, nous crée.
La lumière est celle aussi de la compréhension de soi de la compréhension du monde et de l’univers infini
La lumière, si mouvante, confronte l’insaisissable et le désir que nous avons de le nommer, oblige à l’incessante recherche des mots et des manières de dire.
La lumière révèle la beauté qui élève le désir de devenir soi.
Ne serait-ce pas le premier travail à entreprendre pour aimer la vie en aimant ce qu’on devient ?
Inédit 27 Septembre 2022
Anny Cat
Septembre 2022
Mets ton chapeau de chants d’oiseaux et de vent, éclaire ton pied, celui qui va devant, des lunes joueuses du soleil dans les feuilles.
Étire-toi vers tout le bleu du ciel en soupirant d’aise.
Ne perds pas une goutte de sève, une goutte de vie, une fibre de lien.
Ne désespère pas devant ces arbres malades* coupés les uns après les autres, défigurant ce qui restait d’enfance aux paysages de ton quotidien.
Ne désespère pas de ces enfants ignorant qu’ils désespèrent de l’incurie des hommes, de la terre mise à mal, de l’avenir menacé.
De ces enfants perdus et si violents de la violence faite d’abord à la vie.
Tu dois rester un arbre accueillant, un arbre vivant, un arbre de bienveillante mémoire, gardien des patiences des sèves d’avenir.
Le 19/02/2001
* platanes atteints du chancre coloré, coupés les uns après les autres
Juillet 2022
La dent blanche du « grand Morgon »*
mord le ciel, contracte le bleu.
L’ubac fermente l’ombre marine
du sommeil et des rêves.
Bois et pâleurs de neige, dévalent.
Tout au fond, frétillent des éclats de voitures
entre les dés de hasard des maisons.
Grand éblouissement bleu, le ciel découpe
d’un trait net la majesté des montagnes.
La lumière chante,
s’exprime sur tous les tons,
par tous les sens,
rèche ou grenue, végétale ou rocailleuse, lisse ou duveteuse.
Je contemple.
Les enfants dorment. Il lit.
Présences adoucies des chuintements du feu dans l’âtre.
Bruits de portes, éclats de voix, embrassades…
l’agitation soudaine me happe
Le jour s’éclaire, s’affirme, s’élève.
Désirer ce qui monte avec la lumière.
*
Morgon, nom d’un sommet des Alpes du sudAnny Cat Recueil : ce qui naît de la lumière (2022)
Poème 1
Annie Cat
Une force résiste que n’éteint pas l’horreur des conflits millénaires :
l’indispensable et nécessaire confiance où peut germer l’humain.
Anny Cat
Naissance
Je suis celui qui vient au monde
riche de la confiance de tous mes ascendants.
Je suis porteur d’amour,
celui qui s’est transmis et celui à transmettre.
Ouvrir très grand
L’accueil à mes semblables
et repousser très loin
le rejet, l’exclusion.
Rendre à la multitude des visages
Ce grand désir de vivre,
Conscient d’être l’unique
Et partie du grand tout.
Si tel est mon désir
Il ne peut advenir
Qu’en la grâce donnée de savourer l’instant,
Ce qu’il a de plus beau, dans l’approche si juste
de toute vérité.
Ce don de vérité d’appartenir au monde,
Nous l’avons en naissant, nous l’avons en mourant.
Je suis le nouveau-né au regard d’eau marine
Plein encore du mystère
D’avant notre passage.
Je suis le nouveau-né
Qui donne, à ceux penchés sur mon berceau
L’éclat neuf de leurs yeux
L’ardeur de leurs désirs
Et ce lien sans lequel nous ne serions pas « Hommes ».
Tu es le nouveau-né.
La soie laiteuse de ta peau,
La source de tes premiers balbutiements
Ton parfum de tendresse et d’émois,
Ta confiance en la chair que tu es
En celle qui te porte
Pleine de tous ces mots usés
Dont le sens devient neuf
Sont la force de vivre.
Tu es le nouveau-né :
Autour de ta présence,
Se désaltère notre soif d’aimer.
Anny Cat . 17 Octobre 2004
Poème 3
Anny Cat
Vivre
Regarder sans trembler
La mort
Toujours logée
Au creux le plus secret
De la vie.
Saisir avidement
La beauté
Malgré son goût
Souvent tragique.
Le bourdon de l’angoisse
Ne fêle pas la joie.
Froisse
Tes soucis
Brûle-les
Réjouis-toi
De la flamme dorée
Effaçant tous les murs
De sa danse moirée :
Feuillages de lumière
Aux yeux d’obscurité.
Les prodiges du cœur
Sont vraies raison de vivre.
A C
1969
Poème 4
Anny Cat
Demain, tourne le sens, d’hier et d’aujourd’hui,
agite tant d’horreurs et d’espérances, la confusion
de tellement d’instants, de mots, d’inaccompli,
d’incertitudes dont se saisissent la force d’élan,
de rêve, le désir de rendre meilleure chaque jour,
la réalité.
La lumière frissonne et froisse les feuillages.
Vient de la terre, habiller nos mots de ciel.
Des émotions apprennent à franchir le passage
pour devenir parole humaine.
Anny Cat. Inédit 2019
Poème 5
Reflets
Au fond de moi, reflets, cailloux des confidences,
scories de regards qu'on a portés, inattentifs, aux êtres
et aux choses.
Éviter le creusement du vieux sillon
des habitudes fantômes, des sorcières de l’imagination.
Privilégier l’empreinte d’eaux traçantes, des conversations qui étayent les berges, orientent le devenir.
La pluie cédant au soleil, s’éclairent sur les branches
les lumières questionnantes de mondes suspendus.
Gouttes-miroirs; cristal de visions changeantes qui, du dehors au-dedans, allument leurs fugacités réfléchies,
livrent des univers éphémères qui cherchent sens.
Instant qu’étoile un plissement de paupières.
Inédit mai 2020
Poème 6
Nuages informels vos formes sont mouvances
vos formes sont errance
le vent carde vos laines le vent
vous défait
vous dilue dans le bleu insondable .
L’imaginaire invente
un bestiaire incertain de visions insolites
poursuit vers les rivages en exil de l’espace et de l’air
les questions sans réponses
les rêves inaboutis
Poème 7
Passages
Aux franges d’ombre et de lumière,
entre dans l’interstice, traverse l’invisible du temps.
Laisse au loin les habitudes, les informations anxiogènes
qui s’opposent à l’émerveillement.
Blancheurs d’aube, roses du ciel où bat avec le cœur et sang dans nos veines, le souffle,
pleins et vides qui se succèdent, nourrissent la vie.
Chaque être est lien entre ciel et terre, l’air invisible est passage entre
monde intérieur et totalité du monde.
Chant , parole, cri, silence, écoute …
l’air rythme nos heures, suggère à nos instants les sens inaperçus.
Anny Cat Inédit , octobre 2020
Poème 8
Tout s'efface derrière
nous. Tout.
La vie, les lieux, les rencontres, les
peines,
les joies, nos amours…
Que transmettre de nos métamorphoses
successives, petits maillons que nous
sommes, dynamisés par les contraires ?
On devient, on passe… êtres d'oubli
qui disparaissent.
Depuis longtemps est effacée la sagess
primitive.
Comment le monde change ? Où nous
emmène-t-il ? Où
l’emmenons-nous
Poème 9
Voici, imperceptible, la nuit qui vient. Voici la Nuit.
D’un bleu assombri de soupirs, elle efface les formes, ombre l'espace des pensées. Elle agrandit l'invisible.
Met sur l'enclume des étoiles, nos rêves en mouvement,
la démesure de l'absurde, forge dans un jaillissement d’étincelles toutes nos utopies.
Elle livre, à la source, une part seulement du sens.
Anny Cat In « une si petite part »
Edition La main millénaire, septembre 2020
Poème 10
Sous tant de masques, blessures, frustrations, échecs se taisent.
Les rêves insensés perdent notre chemin. Nous allons en aveugles.
Nos questions tâtonnantes affrontent le vide et les renoncements
comme une mort d'où il faudra renaître.
Mais quelle voix chante dans la mienne, souffle
sur la braise affaiblie, vient donner sens, vient donner vie
au désir, à la force des sèves dans le bourgeon,
l'enfant à naître, l'herbe fragile qui troue le goudron ?
Traversées, épreuves…accepter ce qui est.
Éveille-toi aux allégros qui peuplent ton silence.
Va vers l’enclos de paix des grands arbres, respire leurs frissons. Adosse-toi au plus fort.
Tu deviens l’arbre que tu aimes . Tu deviens
l’espace ouvert des mots qui te portent
sur la marée d'étoiles dans l'océan du ciel.
Et la terre tourne les lumières de son soleil
depuis le noir des nuits. Rien n'est jamais pareil
de ce qui se répète. Tant de poèmes battent le pouls
du renouveau d’un sens que tu n'entendais pas.
Tu aimes, tu aimes encore plus la vie, et tu retrouves joie .
Anny Cat inédit 26 12 20
Poème 11
Il irait
Au fil du temps
ce vent des saisons de vivre
Il irait
ivre du parfum d’aimer
Il irait
De l’inconnu d’avant naissance
à l’inconnu
qui s’ouvre à la dernière porte
Il irait du temps connu
à celui qu’on ignore
du temps qui porte vie
traversée de celui qui la prépare
à celui qui l’accomplit
Vent qui rassemble dans les saisons de vivre
Les tremblements émus des rencontres
Qui ignorent les temps.
Anny 13 01 2021
Poème 12
Demain.
Le tilleul ?
Mutilé.
Il gêne les travaux…
La génoise du toit n’entend plus d’hirondelles …
seule cette mémoire de leurs doux gazouillis creuse la nostalgie …
les champs et les ruisseaux, laissent place
aux immeubles, au goudron.
Plus de troupeaux, de tintantes sonnailles dans l’air
qui s’empoussière d’or sur leur passage.
Plus de parfums familiers de sèves et de feu, de pain qui lève et cuit.
Plus de poules glorieuses ni de cocoricos vibrants dans le matin…
Pourtant la terre donne son printemps, ce toujours neuf désir…
Comment tenir le nôtre aux éboulis du temps,
aux jours endoloris par des écrans qui déchirent le cœur?
Quelle absence à soi-même s’avance, insidieuse,
que l’instant cadenasse ?
Qu’est-ce qui noue les cordes de l’ennui à celles de l’angoisse ?
Demain…l’énigme…
Pour ce jour, la lumière multiplie ses inventions de vert
Adoucit l’air de caresses de feuilles aux ailes des nuages
L’émotion dans la larme dessine au bord des yeux
l’univers tout entier.
Anny Cat Avril 2011 inédit
Poème 13
Lettre à l’inconnu
Je t’écris d’un chemin parfois chaotique, parfois trop plat.
De lieux où l’on s’enlise, et d’autres,
si riants qu’ils nous donnent des ailes.
Je t’écris avec les traces de mes pas sur l’argile ou le sable.
Depuis mes ascensions ardues, je t’écris
avec les buées du souffle, le rythme du cœur dans la gorge.
Je t’écris de l’horizon circulaire dans le dépouillement du sol,
avec l’air rare, le bleu quasi violet du ciel si pur où mes rêves
posent leurs signes invisibles.
Chemin intérieur qui va vers ce vide où je ne sais plus rien.
Chemin qui n’existe que dans l’éveil, celui qu’on désire pour chaque jour, dans cette expectative de la nudité où viennent les mots qui sont ma route.
Tu es l’inconnu que je rencontre, pour bousculer mes habitudes, changer mon regard.
Je t’écris de ce courant qui nous traverse, du lieu de cet amour de vivre, grandi de tous mes voyages.
Je t’écris des étoiles, avec les petites pierres insignifiantes du chemin,
de l’arbre aussi, avec ses signes de branches et d’oiseaux.
Je t’écris des plus lointaines galaxies, de la face cachée de la lune, avec des lumières fossiles.
Je t’écris de l’inconnu rencontré : rivières souterraines et déserts traversés, mélanges de mémoires, rêve et réalité, parfums venu d’enfance, goût d’ineffable nostalgie, visions entraperçues soulevant le désir.
Je t’écris, à toi qui m’écoutes, à toi, pèlerin, de ce monde intérieur qui découvre ce que nous sommes.
Tous mes voyages sont prétextes, et tout ce qui fait signe, pour avancer vers toi, dans l’inconnu du désir de marcher encore et encore pour t’écrire encore, encore.
Toi, que je ne parviens pas à connaître et qui pourtant révèle mon chemin.
Toi, l’inconnu à qui je m’adresse, ton regard toujours neuf, change mes instants et mon être, enfonce mes racines en terre nourricière.
Anny Cat. 5 Décembre 2012
Poème 14
Aux si fluctuantes amarres d'instants
j'accroche ma journée à l’imperceptible
diamants d’éclats aux branches
frémissement de feuilles
frôlements
verts appels d’oiseaux
fins crissements d’insectes
eau qui court près de mon pas
terre qui boit la fluidité
du ciel où je me noie qui me mue
en sourire à effacer le temps
Anny Cat Inédit mai 2013
Poème 15
Le regard rejoint l'infini
danse
la mélopée
bercée de vagues
en leur respiration
fraîcheur d'haleine d'eau
Le vent au goût de sel
sur la brûlure du soleil
frissonne
Deux goélands s’accordent
à la patience du ressac
d’un envol éthéré
l’un des deux
renverse
l’horizon
emporte
un instant
endormie dans le bleu
la lune entre ses ailes
creuse une rose d'eau
parole de l'immense
tout le bleu est espace
Que raconte la mer
des terres inaperçues ?
Gravité qui la tient
in « dévisager le temps » Ed. La main millénaire
Poème 16
Émotion
Le réel, tout autour, est uniformément gris, froid.
Quels courants, dans l’autre ciel, intimes et soyeux parfument les instants ?
Des sources du silence montent, immenses,
les envols de mes soifs.
Ce qu’il faut de patience, de muets appels. Le souffle, sur les vitres,
pose ses ombres, d’imaginaires abîmes insondables.
Parviennent, issues de formes, de couleurs, d’images, de sons,
d’à peine perceptibles musiques qui courent en frissons, soulèvent l’âme.
La solitude fond aux creusets imprévus d’alchimiques échanges,
gomme toute frontière. Alors se lèvent des soleils intérieurs.
20 Janvier 2021,
Poème 17
Jusqu’à l’os, ronge la bête ?
Baves d’angoisse , peurs visqueuses
tapies au trou vertigineux des solitudes.
Vents engouffrés en érosions
sable d’usure, aspérités.
L'ici plus noir que la nuit sans fond aux profondeurs inatteignables
bat le rythme intérieur du mystère est l'infini du silence.
La vie de contrastes, de contraires
à travers tes paupières roses de sang et de lumière
d’ondes, de battements , souffle le chant de la mer
Écoute . L’imaginaire , soulève l’aspiration
d’un nouveau désir d’être, de faire, devient accueil .
Dans la ville va l’errance
regard flou yeux d’arcs en ciel des huiles
répandues sur l’asphalte vagues lueurs
grises murailles
aux tags nerveux couleur de rage et de révoltes
Des mains de détresse se tendent
nous passons
fuyants et sourds comme la honte
les douleurs broient le sens l’humain
Humiliations violences blessures et naufrages.
saccages submergés d’indifférence
Telle une pluie de cendre la solitude
devient plus froide encore que l’impuissance
Anny Cat 2014
Chercher la langue où tout verdit, les mots de feu, scintillements muets d'invisible, là où la musique ineffable du monde bruit au bord du dire.
Anny Cat novembre 2021
*******
Épousées du vent, dunes, peut-être bien femmes qui dansent
dans leurs voiles de sable, au chant ténu des étoiles, aux silences cosmiques.
Reconnues par la nuit, poursuivant leurs chorégraphies,
leurs mouvements ondulent sur les sables du temps.
Changements, ruptures glissements,
bonds approchés de lumières, de sombres profondeurs d’âme,
elles dansent.
Prière murmurée d’immarcescible ferveur.
Anny Cat 2014
Poème 19
Les poèmes que j’aime sont mes voyages . Ils révèlent
d'autres climats, secourent dans les jours difficiles,
Ils vont, viennent, font entendre leur voix la plus juste, frôlent,
touchent le noyau de l'intime. Habitent l'arbre, l'oiseau, l'étoile,
disent sans dire, bien plus que tous nos mots éculés d’habitudes.
Provoquent l’émerveillement, quand ils transmuent
de chaque instant, le poids ou la légèreté, le temps et l’espace
en richesse d’une étonnante densité .
Ils voyagent à l’intérieur des mots qui sentent la terre, l'herbe,
les embruns et les vents, des mots qui portent les chants et les
musiques, la nature et les hommes, des mots qui se colorent
de l’invisible du monde.
Chargés de vies multiples, de vie intense, de métamorphoses
sans fin, ils nous éclairent, nous apprennent à tout vivre
et questionnent l’Humain,
modifient ce qu’on est, que par eux l’on devient.
Les poèmes sont mes lampes, les étoiles de mes voyages…
16 12 2021 Anny Cat inédit
Poème 20
À Romaine qui aurait eu 80 ans ce 5 février 2022
Allées où crissent des pas dans un bruissement de vent au parfum de résine.
Invasion d’émotion retenue , d’interrogations lancinantes.
Compagnons de deuil, manques et souvenirs se tiennent par la main,
se contredisent.
Tant de passé, plus d’avenir où se parler.
Bientôt nous serons encore voisines.
La tombe où je serai, attend, presque face à la tienne.
Où allons nous nous raccompagner l’une l’autre
pour continuer notre conversation- si peu interrompue pendant 70 ans -
et poursuivre nos partages et raccompagnements aux racines d’enfance ?
Affronter Solitude et Silence qui chuintent doucement, creusent
et parfois m’offrent, inattendue, ton invisible et inexplicable présence.
À toi, mon amie, et à l’amour de la vie.
Anny le 1er février 2022
Poème 21
Poème inédit
Ciel laiteux de l’aube.
L’air frais rosit de joie.
Promesse subtile du jour qui vient.
Camaïeux de roses.
D’une vibration singulière, les nuages
irradient la richesse fugitive des lumières
Le bleu émaille de splendeur l’espace,
sertit l’or vieilli du platane rouillé d’automne .
*
Un brouillard de miel
pose les voilettes du soir sur les lampadaires.
La pudeur mordorée des platanes se poudre
d’un nuage de fines gouttelettes
qui glissent d’inattendues intensités coruscantes
au cœur du cercle de lumière.
Éphémères instants qui invitent à voir d'autres mondes
Anny Cat inédit 24 02 2022
Poème 21
Poème inédit / Décembre 2022
Lueur blanche, laque de givre,
la faible lumière, à peine,
pose doucement un reflet pâle qui esquisse les formes
Le soleil derrière les draps froissés des collines,
caresse en douc*eur le paysage.
Silence, immobilité.
Le givre quitte plus vite la place, par endroits, la cède,
toujours plus grande, à la montée de la lumière.
Entre le froid dehors et, dedans, la douce tiédeur,
je fais corps avec mon lieu de vie,
j’écoute ce qui parle en silence.
Toilette mentale pour me défaire un peu de la vie anxiogène
des jours de pandémie, de réchauffement climatique,
d’inertie et d’incurie qui décuplent les menaces.
Sentir mes liens au monde apporte dans l’instant,
espérance, désir de vivre .
Anny Cat
*** ***
Poème 22
L’incertitude, l’hésitation caillouteuse se heurtent aux courants obscurs où roulent
le savoir trouble d’avant les mots,
l'énigme du désir, l'alchimie de la vie.
Un rêve d'étoiles courbe les galaxies.
Le regard embrasse le réel, l’imaginaire, les rêves.
L’espace agrandi du ciel clignote des énigmes de l’infini.
Nos questions d’enfant scintillent aux mémoires de l’herbe,
des pierres, de la nuit.
Prières murmurées au berceau renversé des voûtes séculaires.
Sur des terres nouvelles, des herbes souveraines
agitent un vent fou, libèrent… Vies traversées,
de contingences en labyrinthes, de tourments en angoisse,
ces chemins obligés.
Ô rades inconnues après mers déchaînées
ouvrant un champ de liberté.
Chercher sens se risque au-delà de ses rêves.
L’escale dans l'instant, donne, aux fruits de nos désirs,
goût de sérénité, de partage.
Anny Cat 2022
Poème 23
Anny Cat avril 2022
L'instant lance parfois sa flèche de lumière,
l’éclair enfante la chair des mots.
L’obscure silhouette
-un géant de fantasmes, tel un monstre tapi
après la traversée des mythes et des contes-
c’est la montagne
qui découpe la soie noire trouée de tremblantes étoiles.
Forçant l’écoute, un filet de lumière progresse
dans la profondeur de l'inconnu.
Et la sève rétractée de l’hiver enfouit dans ses secrets
blessures, joies, frissons de vécus, souvenirs,
féconde la patience et allège le cœur.
L’imperceptible respiration végétale
établit dans la pénombre
la rencontre, l’émotion naissante .
Anny Cat avril 2022