Les poèmes  présentés par ordre décroissant de parution dans le site

 

Mai 2023

Le loto de l’inconscience tourne

de plus en plus vite le boulier du monde

pulvérise,

entrechoque le pire et le meilleur.

défigure, blesse, salit, affaiblit, détruit,

désespère .

 

On voudrait tant rêver d’eau pure, garder chemin,

garder désir et vie consciente;

il faut pourtant avancer sur le fil du rasoir,

là, où les pires sauvageries dévastent

répandent une terreur décuplée

de techniques, complices de la plus inconcevable inhumanité .

 

Notre inconnu est chaotique, difficile.

« Tout est perdu, disent certains »…qu’en savent-ils ?

Pourquoi ? Pourquoi « faire l’autruche » ou fuir ?

Pourquoi se perdre dans des sauve qui peut

sans questions, figés d’impuissance ?

 

Comprendre, agir, le pourrons-nous ?

Notre inconnu n’est-il que de mauvaise augure ?

se poser la question, se dire qu’il est peut-être possible

de découvrir en soi , en l’autre des forces insoupçonnées .

Sagesse ? La part faite aux contradictions ?

Il nous faut désirer des rêves plus grands que soi - rêves aussi vieux que le monde-.

 

Pourquoi soudain, levant les yeux vers la légèreté

d’un froissement de brise ensoleillant l’instant,

être envahi de tant de ravissement intime ?

 

Quelle déflagration de beauté 

devient ravissement de vivre

efface le temps ? 

 

Ravissement où s’éprouve la plus ineffable plénitude, 

celle de chaque Présence au Présent confondue.

Secousse 

qui dynamise le désir.

 

Réparer, aimer,

rejoindre ces êtres assoiffés qui rassemblent

leurs rêves, leurs désirs de beauté,

pour d’abord effacer des millénaires de peurs et d’injustices.

 

Pourrons-nous avancer 

tant est furieuse et risquée

la houle de notre siècle ?

  Anny Cat     3 et 4 mai 2023

 

Avril 2023

Détache-moi

la liberté est mon chemin, la solitude ma condition.

Naître et renaître à chaque instant

et chaque jour se rapprocher du noir passage.

Derniers reflets, leurres du temps se diluent

en arcs en ciel, en eaux luisantes.

J’aspire au vivant des gestes, des mouvements,

des sensations qui prennent force dans l’expérience,

l’amour, la beauté, la lumière.   

 

L’essentiel de mes courants de mes rencontres souveraines

demeure l’infatigable désir de vivre, 

création qui efface et recommence perpétuellement sa toile,

ranime de sa flamme l’éternité des instants.

 

 Anny Cat     inédit     2018

 

Mars 2023

Colorado

Le passage pierreux avive tous mes sens.

Je suis terre, je suis roc, Je suis

les ocres déclinant leurs nuances

la surprise du choc

vif fuchsia

de la grande fleur isolée sur l'aride.

Je suis le bleu métallisé des ailes de l'oiseau dont l'éclair

élève mon regard jusqu'en haut des falaises,

jusqu'au grand cercle de ciel qui borde et brode la roche

de vibrations  indigo, de franges violines et rousses.

Je suis la lumière émerveillante...

...le désir de gravir intérieurement

des échelons de lucidité

 Du recueil Ce qui naît de la lumière

 

 

Février 2023

La dent blanche du grand Morgon* mord le ciel,

contracte le bleu.

L’ubac fermente l’ombre marine du sommeil et des rêves.

Bois et pâleurs de neige dévalent.    

 

Tout au fond, frétillent

entre les dés,

hasard des maisons,

les éclats des voitures.

 

L’éblouissement bleu intense, dessine

d’un trait net l’élévation des montagnes.

 

La lumière  parcourt tous les tons,

appelle tous les sens de ses nuances :

rêche, aiguë, ambrée, végétale, parfumée,

aérienne, rocailleuse, lisse, duveteuse, granitée.

 

Je contemple.

Les enfants dorment. Il lit.

Présences adoucies des chuintements du feu dans l’âtre.

 

Bruits de portes, éclats de voix, embrassades…

l’agitation soudaine me happe

Le jour s’éclaire, s’affirme, s’élève.

 

Désirer ce qui monte avec la lumière.

 

* Morgon, nom d’un sommet des Alpes du sud

 Anny Cat  /  Ce qui naît de la lumière

 Recueil (2023)

 

 

 

Janvier 2023

 

 

                                             Photo Laurent Cat

 

LA PORTE DES FRIMAS

 

La porte des frimas n’enferme pas l’imaginaire. Traces, vestiges, mots et lumières,

ombres et fantômes, tintent dans le givre des sons, les gestes, les parfums le froid glacial

où  semble disparaître le théâtre des jours. L’éphémère parure offre un toucher frileux où

les mains, les doigts reconnaissent l’existence du granité, les reliefs de la sculpture

qu’épouse la poudre de neige, souffle d’un vent qui pose aussi sa fraîcheur sur les joues.

 

Le regard convoque la mémoire. Les sensations rameutent les mots frissonnants de frimas

appellent sous le givre poudré de l’attente une ouverture de tendresse et de chaleur.

Errance. Les yeux parcourent les reliefs du dessin, les formes, les nuances,

les couleurs, les textures.

Très doucement s’orchestrent les musiques intérieures de la contemplation.

 

Qu’est-ce donc que le corps ? Quelle magie anime la matière, 

lie le visible à l’invisible ? Et qu’est-ce que le présent ?

 

Des émotions à fleur de peau courent emplir l’âme

d’un infini besoin d’échanges avec tout ce qui vit. Des émotions

privilégient lien et passage dans l’insaisissable et l’éphémère

de l’instant, ces vraies rencontres.

 

Le long héritage de la parole au plus vivant des mots,

est force nourricière de chaque imaginaire,

poursuit l’amour exigeant du plein d’attention, du lâcher prise,

pas de deux des poètes qui dansent tous les passages.

 

Là, apparaissent rêves de nuit et rêves éveillés, là commence

le voyage intérieur d’images et de mots qui malgré soi d’abord

s’assemblent. Le surprenant regard d’aveugle qui dit « tu vois ! »

demande le silence, redoute tout bruit parasite qui effarouche

les pensées furtives qui risqueraient de perdre le passage

à travers la porte des frimas.

 

Anny  Cat      26 12 22

 

 

décembre 2022

Veilleuse

lampe à huile 

de celles qui ne s’éteignent pas …

la ligne d’horizon  tangue

au  point de départ 

la vague la plus haute

roule des vibrations

qui troublent le regard

des yeux lointains  verrouillent

des murailles d’ombre

 Le cercle d’un hublot

étrangle le temps…

 

Que rien ne vacille !

 

 Le mot est avant tout un cri.

Écoute…

tu veux entendre la note juste

intime  décapée dépouillée

 la note de cicatrices

qui chante enfin

 C’est par un cri n’est-ce pas

que nous venons au monde

 

La force vivante te porte

ligne ondulante d’oubli et de mémoire

tu chancelles  avances tombes te relèves

tu veux être  ne pas subir

gagner pas à pas la lumière

multicolore et verticale

 

Chaque jour, farouchement

tu affirmes avoir beaucoup reçu

sourires et  bonté

au  soleil des regards

 

Tu désires poursuivre en poésie

le secret de l’ identité  que l’écriture trace

de l’étrangeté de soi

le goût d'une histoire à suivre 

dans la chaleur méridienne

 

avant de disparaître

dans le temps  morcelé

de la vie plus lente

 

Dans la poussière de ses rais

dansent ou trébuchent des mots

qui forment lentement l’espoir

malgré ce qui pourrait l’étouffer

 

 Veilleuse, lampe à huile 

de celles qui ne s’éteignent pas?

 

Anny 20 12 13 

 

 

Novembre 2022

Depuis tant de siècles,

deux grands pieds de géants,

invisibles, violents,

tuent la vie sur terre.

L’un, le pouvoir,

l’autre, l’argent,

écrasent aujourd’hui le plus grand nombre

 ceux pour qui des sirènes mercantiles

tellement attrayantes

effacent la conscience,

répandent l’oubli, le malheur, l’ignorance,

épaississent le terreau d’un sentiment paralysant

qui devient l’impuissance opposant son poids d’inertie

au risque d’aller, lucides, vers l’inconnu.

Tant d’espoirs et de rêves, partent en fumée.

 

L’instinct de vie suffit-il ?

La vie sans fin, détruit, recrée.

Garder conscience, garder confiance.

 

De nouveaux points de vue,

d’autres espaces, des renaissances

s’ouvriront au vermeil de l’aurore - ou réelle ou rêvée- 

 

 

Octobre 2022

La lumière vibre entre le visible et l’invisible, agit sur notre intériorité, affine, modifie notre conscience de vivre.

La lumière, myriades de nuances, inclinaisons multiples épouse toutes les matières, réinvente ses éclairages, change nos sensations, nos humeurs, nos sentiments, appelle et module nos perceptions et en créant, nous crée.

La lumière est celle aussi de la compréhension de soi de la compréhension du monde et de l’univers infini

 

La lumière, si mouvante, confronte l’insaisissable et le désir que nous avons de le nommer, oblige à l’incessante recherche des mots et des manières de dire.

 

La lumière révèle la beauté qui élève le désir de devenir soi.

Ne serait-ce pas le premier travail à entreprendre pour aimer la vie en aimant ce qu’on devient ?

 

Inédit 27 Septembre 2022  Anny  Cat

 

Septembre 2022

Mets ton chapeau de chants d’oiseaux et de vent, éclaire ton pied, celui qui va devant, des lunes joueuses du soleil dans les feuilles.

Étire-toi vers tout le bleu du ciel en soupirant d’aise.

Ne perds pas une goutte de sève, une goutte de vie, une fibre de lien.

Ne désespère pas devant ces arbres malades* coupés les uns après les autres, défigurant ce qui restait d’enfance aux paysages de ton quotidien.

Ne désespère pas de ces enfants ignorant qu’ils désespèrent de l’incurie des hommes, de la terre mise à mal, de l’avenir menacé.

De ces enfants perdus et si violents de la violence faite d’abord à la vie.

Tu dois rester un arbre accueillant, un arbre vivant, un arbre de bienveillante mémoire, gardien des patiences des sèves d’avenir.

    Le 19/02/2001

 * platanes atteints du chancre coloré, coupés les uns après les autres

 

Juillet 2022

 

La dent blanche du « grand Morgon »*

mord le ciel, contracte le bleu.

 

L’ubac fermente l’ombre marine

du sommeil et des rêves.

 

Bois et pâleurs de neige, dévalent.

Tout au fond, frétillent des éclats de voitures

entre les dés de hasard des maisons.

 

Grand éblouissement bleu, le ciel découpe

d’un trait net la majesté des montagnes.

 

La lumière chante,

s’exprime sur tous les tons,

par tous les sens,

rèche ou grenue, végétale ou rocailleuse, lisse ou duveteuse.

Je contemple.

 

Les enfants dorment. Il lit.

Présences adoucies des chuintements du feu dans l’âtre.

 

Bruits de portes, éclats de voix, embrassades…

l’agitation soudaine me happe

Le jour s’éclaire, s’affirme, s’élève.

 

Désirer ce qui monte avec la lumière.

 

 * Morgon, nom d’un sommet des Alpes du sud

Anny Cat     Recueil : ce qui naît de la lumière (2022)

 

 

 

 

 

 

 

 

Poème 1

Annie Cat

Une force résiste que n’éteint pas l’horreur des conflits millénaires :

 l’indispensable et nécessaire confiance où peut germer l’humain. 

 

Poème 2

Anny Cat

                   Naissance

 

            Je suis celui qui vient au monde

 riche de la confiance de tous mes ascendants.

               Je suis porteur d’amour,

celui qui s’est transmis et celui à transmettre.

 

                      Ouvrir très grand

               L’accueil à mes semblables

                     et repousser très loin

                     le rejet, l’exclusion.

           Rendre à la multitude des visages

                 Ce grand désir de vivre,

               Conscient d’être l’unique

                 Et partie du grand tout.

 

                  Si tel est mon désir

                  Il ne peut advenir

   Qu’en  la grâce donnée de savourer l’instant,

 Ce qu’il a de plus beau, dans l’approche si juste

                   de toute vérité.

     Ce don de vérité d’appartenir au monde,

 Nous l’avons en naissant, nous l’avons en mourant.

 

        Je suis le nouveau-né au regard d’eau marine

           

              Plein encore du mystère

              D’avant notre passage.

 

               Je suis le nouveau-né

   Qui donne, à ceux penchés sur mon berceau

               L’éclat neuf de leurs yeux

                L’ardeur de leurs désirs

  Et ce lien sans lequel nous ne serions pas « Hommes ».

 

               Tu es le nouveau-né.

            La soie laiteuse de ta peau,

      La source de tes premiers balbutiements

         Ton parfum de tendresse et d’émois,

          Ta confiance en la chair que tu es

              En celle qui te porte

          Pleine de tous ces mots usés

           Dont le sens devient neuf

              Sont la force de vivre.

 

             Tu es le nouveau-né :

            Autour de ta présence,

          Se désaltère notre soif d’aimer.

Anny Cat . 17 Octobre 2004 

 

Poème 3

Anny Cat

 

           Vivre

Regarder sans trembler

            La mort

      Toujours logée

Au creux le plus secret

           De la vie.

      Saisir avidement

          La beauté

      Malgré son goût

     Souvent tragique.

 

Le bourdon de l’angoisse

     Ne fêle pas la joie.

 

          Froisse

      Tes soucis

      Brûle-les

 

    Réjouis-toi

  De la flamme dorée

Effaçant tous les murs

  De sa danse moirée :

  Feuillages de lumière

  Aux yeux d’obscurité.

 

   Les prodiges du cœur

Sont vraies raison de vivre.

A C

1969

Poème 4

Anny Cat

Demain, tourne le sens, d’hier et d’aujourd’hui,  

agite tant d’horreurs et d’espérances, la confusion

de tellement d’instants, de mots, d’inaccompli,

d’incertitudes dont se saisissent la force d’élan,

de rêve, le désir de rendre meilleure chaque jour,

la réalité.

 

La lumière frissonne et froisse les feuillages.

Vient de la terre, habiller nos mots de ciel.

Des émotions apprennent à franchir le passage

pour devenir parole humaine.

 Anny Cat.     Inédit   2019

Poème 5

Anny Cat

Reflets

Au fond de moi, reflets, cailloux des confidences, 

scories de regards qu'on a portés, inattentifs, aux êtres

et aux choses.

 

Éviter le creusement du vieux sillon

des habitudes fantômes, des sorcières de l’imagination.

 

Privilégier l’empreinte d’eaux traçantes, des conversations qui étayent les berges,  orientent le devenir.

 

La pluie cédant au soleil, s’éclairent sur les branches 

les lumières  questionnantes de mondes suspendus. 

 

Gouttes-miroirs; cristal de visions changeantes qui, du dehors  au-dedans, allument leurs fugacités réfléchies,

livrent des univers éphémères qui cherchent sens.  

 

Instant qu’étoile un plissement de paupières.

 

 

 Inédit   mai 2020   

 

Poème 6

Anny Cat

 

Nuages informels  vos formes   sont  mouvances       

vos formes   sont errance         

le vent carde vos laines    le vent  

vous défait  

vous   dilue dans le bleu insondable .

 

                                

L’imaginaire invente

 un bestiaire incertain de visions insolites

poursuit vers les rivages en exil de l’espace et de l’air

les questions sans réponses  

les rêves inaboutis

Poème 7

Anny Cat

     Passages

 

Aux franges d’ombre et de lumière,

entre dans l’interstice, traverse l’invisible du temps.

 

Laisse au loin les habitudes, les informations anxiogènes

qui s’opposent à l’émerveillement.

Blancheurs d’aube, roses du ciel où bat avec le cœur et sang dans nos veines, le souffle,

pleins et vides qui se succèdent, nourrissent la vie.

 

Chaque être est lien entre ciel et terre, l’air invisible est  passage entre

monde intérieur et totalité du monde.

 

Chant , parole, cri, silence, écoute …  

l’air rythme nos heures, suggère à nos instants les sens inaperçus.

 Anny Cat   Inédit ,      octobre 2020

 

Poème 8

Anny Cat

     Tout s'efface derrière nous. Tout.
La vie, les lieux, les rencontres, les peines,
les joies, nos amours…
Que transmettre de nos métamorphoses
successives, petits maillons que nous
sommes, dynamisés par les contraires ?
On devient, on passe… êtres d'oubli
qui disparaissent.
Depuis longtemps est effacée la sagess
primitive.
Comment le monde change ? Où nous
emmène-t-il ? Où l’emmenons-nous

 

Poème 9

 

Anny Cat

Voici, imperceptible, la nuit qui vient.   Voici la Nuit.

D’un bleu assombri de soupirs, elle efface les formes,   ombre l'espace des pensées. Elle agrandit l'invisible.

Met sur l'enclume des étoiles, nos rêves en mouvement,                          

la démesure de l'absurde, forge dans un jaillissement d’étincelles toutes nos utopies.

Elle livre,  à la source,  une part seulement du sens.  

 Anny Cat         In   « une si petite part »

                                 Edition  La  main millénaire,  septembre 2020

Poème 10

Anny Cat

Sous tant de masques, blessures, frustrations, échecs se taisent.

Les rêves insensés perdent notre chemin. Nous allons en aveugles.

Nos questions tâtonnantes affrontent le vide et les renoncements

comme une mort d'où il faudra renaître.

 

Mais quelle voix chante dans la mienne, souffle

sur la braise affaiblie, vient donner sens, vient donner vie

au désir, à la force des sèves dans le bourgeon,  

l'enfant à naître, l'herbe fragile qui troue le goudron ?

Traversées, épreuves…accepter ce qui est.

Éveille-toi aux allégros qui peuplent ton silence. 

Va vers l’enclos de paix des grands arbres, respire leurs frissons. Adosse-toi au plus fort.

Tu deviens l’arbre que tu aimes . Tu deviens 

l’espace ouvert des  mots qui te  portent

sur la marée d'étoiles dans l'océan du ciel.

Et la terre tourne les lumières de son soleil

depuis le noir des nuits. Rien n'est jamais pareil

de ce qui se répète. Tant de poèmes battent le pouls

du renouveau d’un sens que tu n'entendais pas.

Tu aimes, tu aimes encore plus la vie, et tu retrouves  joie .

 Anny Cat inédit     26 12 20

Poème 11

Anny Cat

 

Il irait

Au fil du temps

ce vent des saisons de vivre

Il irait

ivre   du parfum d’aimer

Il irait

De l’inconnu d’avant  naissance

à l’inconnu

qui s’ouvre à la dernière porte

Il irait du temps connu

à celui qu’on ignore

du temps qui porte vie

 traversée de celui qui la prépare

à celui qui l’accomplit

 Vent qui rassemble dans les saisons de vivre

Les tremblements émus des rencontres

Qui ignorent les temps.

 

Anny 13 01 2021

Poème 12

Anny Cat

 Demain.

Le tilleul ?

Mutilé.

Il gêne les travaux…

La génoise du toit n’entend plus d’hirondelles …

seule cette mémoire de leurs doux gazouillis creuse la nostalgie  …

les champs et les ruisseaux, laissent place

aux immeubles, au goudron.

Plus de troupeaux, de tintantes sonnailles dans l’air

qui s’empoussière d’or sur leur passage.

Plus de parfums familiers de sèves et de feu, de pain qui lève et cuit.

Plus de poules glorieuses ni de cocoricos vibrants dans le matin…

Pourtant la terre donne son printemps, ce toujours neuf désir…

Comment tenir le nôtre aux éboulis du temps,

aux jours endoloris par des écrans qui déchirent le cœur?

Quelle absence à soi-même s’avance, insidieuse,

que l’instant cadenasse ?

Qu’est-ce qui noue les cordes de l’ennui à celles de l’angoisse ?

Demain…l’énigme…

Pour ce jour, la lumière multiplie ses inventions de vert

Adoucit l’air de caresses de feuilles aux ailes des nuages

L’émotion dans la larme dessine au bord des yeux

l’univers tout entier.

 

   Anny Cat      Avril 2011          inédit

Poème 13

Anny Cat

 

Lettre à l’inconnu

 

Je t’écris d’un chemin parfois chaotique, parfois trop plat.

De lieux où l’on s’enlise, et d’autres,

si riants qu’ils nous donnent des ailes.

Je t’écris avec les traces de mes pas  sur l’argile ou le sable.

 

Depuis mes ascensions ardues, je t’écris     

avec les buées du souffle, le rythme du cœur dans la gorge.

Je t’écris de l’horizon circulaire dans   le dépouillement du sol,

avec l’air rare,  le bleu quasi violet du ciel si pur où  mes rêves

posent leurs signes invisibles.

 

Chemin intérieur qui va vers ce vide  où je ne sais plus rien.

Chemin qui n’existe que dans l’éveil, celui qu’on désire pour chaque jour, dans cette expectative de la nudité où viennent les mots qui sont ma route.

Tu es l’inconnu que je rencontre, pour bousculer mes habitudes, changer mon regard.

Je t’écris de ce courant qui nous traverse, du lieu de cet amour de vivre, grandi de tous mes voyages.

 Je t’écris des étoiles, avec les petites pierres insignifiantes du chemin,

de l’arbre aussi, avec ses signes de branches et d’oiseaux.

Je t’écris des plus lointaines galaxies, de la face cachée de la lune,  avec des lumières fossiles.

Je t’écris de l’inconnu rencontré : rivières souterraines et déserts traversés, mélanges de mémoires, rêve et réalité, parfums venu d’enfance, goût d’ineffable nostalgie, visions entraperçues soulevant le désir.

 

Je t’écris, à toi qui m’écoutes, à toi, pèlerin, de ce monde intérieur qui découvre ce que nous sommes.

 

Tous mes voyages sont prétextes, et tout ce qui fait signe, pour avancer vers toi, dans l’inconnu du désir de marcher encore et encore  pour t’écrire encore, encore.

 

Toi, que je ne parviens pas à connaître  et qui pourtant révèle mon chemin.

Toi, l’inconnu à qui je m’adresse,  ton regard toujours neuf,   change mes instants et mon être, enfonce mes racines en terre nourricière.

 

          Anny  Cat.              5 Décembre 2012

 

Poème 14

Anny Cat

 

Aux si fluctuantes amarres d'instants

j'accroche ma journée à l’imperceptible

diamants d’éclats aux branches

frémissement de feuilles

frôlements

verts appels d’oiseaux

fins crissements d’insectes

eau qui court près de mon pas

terre qui boit la fluidité

du ciel où je me noie qui me mue

en sourire à effacer le temps

 

Anny Cat         Inédit  mai 2013

Poème 15

Anny Cat

 

Le regard rejoint l'infini

danse

la mélopée

bercée de vagues

en leur respiration

fraîcheur d'haleine d'eau

Le vent au goût de sel

sur la brûlure du soleil

frissonne 

Deux goélands s’accordent

à la patience du ressac

d’un envol éthéré

l’un des deux

renverse

l’horizon

emporte

un instant

endormie dans le bleu

la lune entre ses ailes

creuse une rose d'eau

parole de l'immense

tout le bleu est espace

Que raconte la mer                                                                                                                                               

des terres inaperçues ?

 

Gravité qui la tient

in « dévisager le temps » Ed. La main millénaire 

 

Poème 16

Émotion

 

Le réel, tout autour, est uniformément gris, froid.

Quels courants, dans l’autre ciel, intimes et soyeux parfument les instants ?

Des sources du silence montent, immenses,

les envols de mes soifs.

 

Ce qu’il faut de patience, de muets appels. Le souffle, sur les vitres,

pose ses ombres, d’imaginaires abîmes insondables.

 

Parviennent, issues de formes, de couleurs, d’images, de sons,

d’à peine perceptibles musiques qui courent en frissons, soulèvent l’âme.

 

La solitude fond aux creusets imprévus d’alchimiques échanges,

gomme toute frontière. Alors se lèvent des soleils intérieurs.

                    

 20 Janvier 2021,

Poème 17

Anny Cat

Jusqu’à l’os, ronge la bête ?

Baves d’angoisse , peurs visqueuses

tapies au trou vertigineux des solitudes.

Vents  engouffrés  en  érosions

sable d’usure, aspérités.

L'ici plus noir que la nuit sans fond aux profondeurs inatteignables

bat le rythme intérieur du mystère  est l'infini du silence.   

 La vie de contrastes, de contraires

à travers tes paupières roses  de sang et de lumière

d’ondes, de battements , souffle le chant de la mer

Écoute . L’imaginaire , soulève  l’aspiration

 d’un nouveau désir d’être, de faire, devient accueil .

 

Poème 18

Anny Cat

Dans la ville va l’errance

regard flou yeux d’arcs en ciel des huiles

 répandues sur l’asphalte vagues lueurs

grises murailles

aux tags nerveux couleur de rage et de révoltes

 

Des mains de détresse se tendent

nous passons

fuyants et sourds comme la honte

les douleurs broient le sens l’humain

 

Humiliations violences blessures et naufrages.

saccages submergés d’indifférence

 

Telle une pluie de cendre la solitude

devient plus froide encore que l’impuissance

 

 Anny Cat  2014

 

 

Poème 19

Anny Cat

 

 

Chercher la langue où tout verdit, les mots de feu, scintillements muets d'invisible, là où la musique ineffable  du monde bruit  au bord du dire.  

 Anny Cat    novembre 2021

 

*******

 

                                                                        Épousées du vent, dunes, peut-être bien femmes qui dansent

                                                                        dans leurs voiles de sable, au chant ténu des étoiles, aux silences cosmiques.

                                                                        Reconnues par la nuit, poursuivant leurs chorégraphies,

                                                                        leurs mouvements ondulent sur les sables du temps.

                                                                        Changements, ruptures glissements,

                                                                        bonds approchés de lumières, de sombres profondeurs d’âme,

                                                                        elles dansent.

                                                                        Prière murmurée d’immarcescible ferveur.

 

                                                                                        Anny Cat    2014

Poème 19

Anny Cat

                

                                      Les poèmes que j’aime sont mes voyages .     Ils révèlent

                                d'autres climats, secourent dans les jours difficiles,

                                Ils vont, viennent, font entendre leur voix la plus juste, frôlent,

                                touchent le noyau de l'intime. Habitent l'arbre, l'oiseau, l'étoile,

                                disent sans dire, bien plus que tous nos mots éculés d’habitudes.

                                Provoquent l’émerveillement, quand ils transmuent

                                de chaque instant, le poids ou la légèreté, le temps et l’espace

                                en richesse d’une étonnante densité .

                                Ils voyagent à l’intérieur des mots qui sentent la terre, l'herbe,

                                les embruns et les vents, des mots qui portent les chants et les

                                musiques, la nature et les hommes, des mots qui se colorent

                                de l’invisible du monde.

                                Chargés de vies multiples, de vie intense, de métamorphoses

                                sans fin, ils nous éclairent, nous apprennent à tout vivre

                                et questionnent l’Humain,

                                modifient ce qu’on est, que par eux l’on devient.

                                Les poèmes sont mes lampes, les étoiles de mes voyages…

 

           16 12 2021   Anny Cat      inédit

Poème 20

À Romaine  qui aurait eu 80 ans ce 5 février 2022

  Allées où crissent des pas   dans un bruissement de vent   au parfum de résine.

Invasion d’émotion retenue  , dinterrogations lancinantes.

 

Compagnons de deuil, manques et souvenirs se tiennent par la main,

se contredisent.

Tant de passé, plus davenir où se parler.

 

Bientôt nous serons encore voisines.

La tombe où je serai, attend, presque face à la tienne.

 

Où allons nous nous raccompagner lune lautre

  pour continuer notre conversation- si peu interrompue pendant 70 ans  -

et   poursuivre nos   partages et raccompagnements   aux racines denfance  ?

 

Affronter Solitude et Silence qui chuintent doucement,   creusent

et parfois moffrent,   inattendue,   ton invisible et inexplicable présence.

 

À   toi,   mon amie,  et à lamour de la vie.

 

Anny le 1er  février 2022

Poème 21

Poème inédit

    

Ciel laiteux de l’aube.

L’air frais rosit de joie.

Promesse subtile du jour qui vient.

Camaïeux de roses.

D’une vibration singulière, les nuages

irradient la richesse fugitive des lumières

Le bleu émaille de splendeur l’espace,

sertit l’or vieilli du platane rouillé d’automne .

*

Un brouillard de miel

pose les voilettes du soir sur les lampadaires.

La pudeur mordorée des platanes se poudre

d’un nuage de fines gouttelettes

qui glissent d’inattendues intensités coruscantes

au cœur du cercle de lumière. 

 

Éphémères instants qui invitent à voir d'autres mondes

 

Anny Cat        inédit 24  02  2022

 

 

Poème 21

 

Poème inédit / Décembre 2022  

 

Lueur blanche, laque de givre,

la faible lumière, à peine,

pose doucement un reflet pâle qui esquisse les formes

Le soleil derrière les draps froissés des collines,

caresse en douc*eur le paysage.

Silence, immobilité.

Le givre quitte plus vite la place, par endroits, la cède,

toujours plus grande, à la montée de la lumière.

Entre le froid dehors et, dedans, la douce tiédeur,

je fais corps avec mon lieu de vie,

j’écoute ce qui parle en silence.

 

Toilette mentale pour me défaire un peu de la vie anxiogène

des jours de pandémie, de réchauffement climatique,

d’inertie et d’incurie qui décuplent les menaces.

 

Sentir mes liens au monde apporte dans l’instant,

espérance, désir de vivre .

Anny Cat 

 

                              ***  ***

 

Poème 22

 

 

L’incertitude, l’hésitation caillouteuse se heurtent aux courants obscurs où roulent

le savoir trouble d’avant les mots,

l'énigme du désir, l'alchimie de la vie.

 

Un rêve d'étoiles   courbe les galaxies.

Le regard embrasse le réel, l’imaginaire, les rêves.

L’espace agrandi du ciel clignote des énigmes de l’infini.

 

Nos questions d’enfant scintillent aux mémoires de l’herbe,

des pierres, de la nuit.

Prières  murmurées au berceau renversé des voûtes séculaires.

 

Sur des terres nouvelles, des herbes souveraines

agitent un vent fou, libèrent…       Vies traversées,   

de contingences en labyrinthes, de tourments en angoisse, 

ces chemins obligés.

 

Ô rades inconnues après mers déchaînées 

ouvrant un champ de liberté.  

Chercher sens se risque au-delà de ses rêves.

 

L’escale dans l'instant, donne, aux fruits de nos désirs,

goût de sérénité,  de partage.

Anny Cat  2022   

Poème 23

Anny Cat  avril 2022

L'instant lance parfois sa flèche de lumière,

l’éclair enfante la chair des mots.

 

L’obscure silhouette

-un géant de fantasmes, tel un monstre tapi

après la traversée des mythes et des contes-

c’est la montagne 

qui découpe la soie noire trouée de tremblantes étoiles.

 

Forçant l’écoute, un filet de lumière progresse

dans la profondeur de l'inconnu. 

Et la sève rétractée de l’hiver enfouit dans ses secrets

blessures, joies,  frissons de vécus, souvenirs,

féconde la patience et allège le cœur.

L’imperceptible respiration végétale

établit dans la pénombre

la rencontre, l’émotion naissante .

Anny Cat  avril 2022

 

 

 

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